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Discussions avec Paris - Pour Core in Fronte, "les lignes rouges sont inconcevables"


Thibaud KEREBEL le Mardi 28 Février 2023 à 15:47

Alors que le gouvernement français a récemment fait un pas vers la Corse, en s’ouvrant à un projet d’autonomie via une réforme de la Constitution, certains nationalistes voient encore quelques freins à cette évolution. C’est le cas du mouvement Core in Fronte, qui n’accepte pas les « lignes rouges » invoquées par le président Emmanuel Macron la semaine dernière.



Pendant la conférence de presse
Pendant la conférence de presse
Quelques jours après la tenue du troisième comité stratégique sur l’avenir institutionnel de la Corse, organisé vendredi dernier à Paris, en présence, notamment, du chef de l’État Emmanuel Macron, les réactions politiques insulaires étaient très attendues. Celle de Core in Fronte - dont les représentants avaient fait le déplacement dans la capitale - sont arrivées ce mardi 28 mars, à l’occasion d’une conférence de presse donnée à Bastia. Ainsi, pendant une demi-heure, les porte-paroles du mouvement ont développé leur position, et mis en avant leur refus d’une demi-mesure. Si le projet d’autonomie auquel s’est ouvert Emmanuel Macron se précise, il devra correspondre aux « attentes populaires exprimées », et garantir « l’élargissement et l’adaptation des compétences de la Corse ».

« On ne va pas discuter d’une régionalisation avancée ou de plus d’autonomie pour la Corse », a déclaré Paul-Félix Benedetti. « L’autonomie, il n’y en a qu’une : c’est la liberté d’exercer localement tout le pouvoir politique, économique, social et culturel. » À ce titre, les représentants de Core in Fronte ont marqué leur ferme opposition avec les deux « lignes rouges » évoquées par Emmanuel Macron lors du comité stratégique : le maintien de l’île dans la République, et le refus de créer « deux catégories de citoyens ». « Les lignes rouges sont inconcevables ! On ne peut pas aller à une table de négociations lorsque l’on nous met un butoir qui n’a jamais existé », s’indigne Paul-Félix Benedetti. « Aujourd’hui, mettre une ligne rouge, c’est chercher à torpiller les négociations, ce n’est pas de la diplomatie. »

« On est prêts à avoir un projet politique cohérent »

Malgré ces positions fortes, le représentant de Core in Fronte à l’Assemblée de Corse s’est satisfait de l’enclenchement du processus. « Il y a des choses qui ne me conviennent pas, mais ce qui m’a paru sincère, c’est que le président Macron a acté que les moments de l’Histoire sont faits par des événements, et que les événements de l’année 2022 en Corse ont permis d’amener cette ère de négociation. Je pense qu’on est prêts à avoir un projet politique cohérent, qui ne sera pas négociable lorsqu’il partira de manière homogène de la Corse. »

Car c’est également l’un des enjeux de ce projet : parvenir à unir les mouvements nationalistes autour d’une même direction. Paul-Félix Benedetti, dans son cas, a appelé à « plus de cohérence et plus de travail » entre les nationalistes, convaincu que c’est par l’entente mutuelle que les conditions insulaires seront adoptées. « Il faut acter que ce que l’on va demander est quand même quelque chose qui a atteint une maturation politique très forte, avec des compromis forts, entre nous. » Le chemin est encore long et les débats à venir seront assurément mouvementés, mais une brèche est maintenant ouverte.